Le Judo (voie de la souplesse) moderne, tel qu’il est pratiqué dans le monde entier, ne date que de 1882. Il dérive néanmoins d’une manière de combattre qui date de 700 ans avant J-C, le Ju-Jitsu (technique de souplesse). À cette époque, l’art de combat à mains nues n’était pas encore né. Puis deux groupes de techniques assez confuses virent le jour: la lutte pure et un début de Ju-Jitsu. La lutte utilisait la force et le Ju-Jitsu, l’habileté et la technique face à un adversaire puissant ou armé.
Il existe quelques légendes (mythes) qui parlent des origines probables du Ju-Jitsu. Cependant, la plus populaire reste probablement celle du cerisier et du saule qui nous raconte l’histoire d’un grand médecin philosophe (Shirobei-Akiyama) qui était aller étudier les techniques thérapeutiques, les principes du tao, l’acupuncture et quelques prises du fameux wou-chou (lutte chinoise qui utilise les projections, les luxations et les coups) créé par un médecin pour rétablir rapidement les convalescents et développer harmonieusement le corps. Rentré au Japon, il enseigna et comprit le principe positif de la philosophie tao. Au mal, il opposait donc le mal, à la force, la force. Mais devant une maladie ou un adversaire trop fort, les principes chinois ne fonctionnaient plus. Il remit donc tout en question et la question finale qui le torturait était celle-ci: «Si lorsque j’attaque, je suis positif, je suis, par contre, négatif lorsque je subis une attaque. Or opposer une action à une action n’est fructueuse que si ma force est supérieure à la force adverse. Comment être dans ce cas défensif tout en gardant l’initiative de l’action?». C’est en se promenant durant une journée où il neigeait en abondance qu’il comprit. Il écoutait le craquement des branches de cerisiers (bois dure) ployant sous la neige. Puis, il vit un saule (bois souple) qui se débarrassait de la neige en courbant ses branches. Ce fut l’illumination! À la force, il faut réagir par la souplesse. Si un assaillant vous pousse, ne lui opposez pas la force mais cédez rapidement par un inattendu recul. Avec le principe d’utiliser la force de l’autre pour le battre, le médecin Nagasaki créa des centaines de prises et les enseigna.
Cependant, l’empereur Mutsu-Hito (1867-1912) introduisit le mode de vie de la civilisation occidentale au Japon. Par conséquent, tout ce qui datait de l’ancien régime fut considéré d’un mauvais oeil. C’est ainsi que les arts martiaux furent abandonnés. Tout cela serait oublié à jamais, si un homme n’avait remis tout en question. Il s’appelait Jigoro Kano. Étant délicat de santé, le père de Jigoro Kano décida de lui faire pratiquer le Ju-Jitsu pour fortifier son corps. Ses deux premiers maîtres de Ju-Jitsu décédèrent le laissant sans professeur. Il décida donc de trouver un autre maître et s’entraîna pendant plusieurs années avec lui pour devenir un expert. Par contre, quelques années plus tard, son maître aussi très âgé mourut en lui laissant son école comme héritage. Jigoro Kano voulait créer une nouvelle méthode: mettre au point un système d’éducation physique et de formation du caractère basé sur le Ju-Jitsu. Les règles qu’il posa sauvegardaient l’esprit combatif, mais faisaient du respect de l’adversaire un principe capital. Il fit donc la synthèse des meilleures techniques de Ju-Jitsu. Il choisit les prises les plus efficaces et les plus logiques. Il perfectionna la manière de tomber (les «ukemis») et créa un vêtement particulier d’entraînement (le Judogi). En 1882, il fonda le Judo, un art de vivre sur une utilisation de l’énergie humaine. Il créa ensuite sa première école qu’il nomma le «Kodokan». Son implication acharnée lui a permis de devenir président de la Faculté d’Éducation physique de l’Université de Tokyo.
En 1964, le Judo fut présenté pour la première fois aux jeux olympiques de Tokyo. Le premier championnat du monde eut lieu au Japon en 1956.
Aujourd’hui, plus de dix millions d’hommes et de femmes pratiquent le Judo, dont plus de 50 000 au Canada. Le Judo est pratiqué comme une activité physique, un art martial ou un sport. Il est devenu un sport ouvert à tous sans distinction d’âge et de sexe, autant sur le plan récréatif que dans le cadre des compétions organisées. De plus la fédération de Judo compte 92 pays membre et il est fort possible que ce chiffre passe à 100 dans un avenir prochain. Cependant, nous ne devons pas oublier l’aspect philosophique que Jigoro Kano a introduit dans cet art martial car le Judo est avant tout une manière de vivre; donc une philosophie.